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Sur les routes, un retour vers Bergesserin.
Écriture
5 / 10 min

Sur les routes, un retour vers Bergesserin.

Après six mois de voyage à travers la France puis l'Europe de l'Est, la lecture d'un article de presse me reconduit inexorablement vers la Bourgogne : Le Sanatorium de Bergesserin. Mon périple trouvera son aboutissement en ce lieu où réside désormais mon atelier d'écriture.

La ligne de départ

En septembre 2023, après plusieurs années en tant que travailleuse sociale, une digue intérieure dont j'avais oublié l'existence venait de céder, et j'ai ressenti le besoin irrépressible de me mettre en mouvement. J'ai alors pris la route en direction de l'Ardèche pour un premier séjour dans une exploitation familiale d'herbes aromatiques.

Plusieurs mois s'égrènent ainsi. Je rends service dans diverses fermes, parcourant plusieurs régions de l’est de la France, auprès des chèvres, des chevaux, des moutons, m'attelant à tous types de soins et de travaux manuels. Je passe la majeure partie de mon temps à l'extérieur, j'observe l'automne s'installer progressivement, la pluie et le vent traverser la surface sylvestre du Jura et cingler mon imperméable qui me recouvre entièrement. Je loge alors chez l'habitant, immergée dans un quotidien qui ne ressemble en rien au mien.

L'espace comme respiration

Les premiers flocons se déposent et forment rapidement un drapé blanc qui recouvre le paysage vallonné. Et lorsque la neige cesse de pleuvoir, le silence s'empare de tout l'espace. J’écris. C’est ici que l’horizon se fait plus aérien. C’est ici qu’une voix se fait entendre. Le réseau demeure aléatoire mais je reçois par intermittence quelques messages.

Je prends connaissance d'un article que m'envoie ma mère : le Sanatorium de Bergesserin reprend vie. Elle le sait, c'est un lieu qui m'a longtemps fascinée. Dès mon retour, j'irai voir ce qui germe de beau dans ce « géant de béton ».

Le projet du Sanatorium

Un an plus tard, je me retrouve devant l'entrée de ce bâtiment à l'occasion des Journées du Patrimoine. Une allée de tilleuls se déploie sur ma droite, la grande porte principale se dresse face à moi tandis qu'une première aile s'étend vers ma gauche. Le lieu renaît sous l'impulsion d'un collectif de personnes présentes ce jour-là. Je me laisse guider le long des couloirs et à travers les différents ateliers déjà réaménagés.

La lumière règne grâce à la multitude de fenêtres qui s'élèvent jusqu'aux 3 mètres 50 de hauteur sous plafond, mais c'est aussi un rayonnement ressenti au contact des membres du collectif que je rencontre au fil de cette journée. Je participe alors à un premier chantier collaboratif, puis à un second, je partage un repas et de longs échanges avec certain·es d'entre elle.eux, je tisse des liens, j'échafaude des projets, je puise l'inspiration, je m'anime. Et l’envie de m’investir dans cette association s'inscrit à la vitesse de l'éclair dans ma matrice.

Le respect de l'humain constitue le socle des valeurs de ce projet. Les personnes qui le portent ont à cœur de faire de ce lieu un espace inclusif, proposant des événements culturels fédérateurs et accessibles à toutes et tous. À travers leurs savoir-faire, leur artisanat ou leur art, se dessine une volonté de partage et de solidarité, de lutte contre l'exclusion, une quête d'égalité entre les individus quelle que soit leur identité de genre, ainsi qu'une réelle considération de la biodiversité.


Le point d'ancrage

Les rencontres et les échanges quotidiens avec le collectif bouleversent mes repères et font tourner mes boussoles. Cela me questionne, m'émeut, m'ancre dans une réflexion nouvelle. Il devient évident que mon projet d'écriture consacré aux histoires des femmes trouvera ici sa résidence, au cœur de cette effervescence humaine et dans un bâtiment revêtu de mémoire.

Je m'active avec ferveur ! Épaulée par mes ami·es et ma famille, je gratte les murs, pose des fenêtres, installe une porte, tire les câbles électriques, applique la peinture sur les murs et le plafond. J'imagine déjà une profusion de plantes grimpantes qui habilleront cette ancienne infrastructure qui était autrefois une véranda, donnant directement l’accès à un petit balcon. Tout avait été pensé pour profiter des ressources du soleil. J’ai entamé les travaux en janvier 2025 pour les terminer au mois de juillet, m’accordant ainsi tout le temps d'apprivoiser ce lieu qui m’habite à son tour.

Écrit par :
Morgane Bourlier
Publié le :
04.09.2025
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